3 questions à… Helene Marty et Estelle Faure de l’entreprise Couach
Confrontée à des difficultés de recrutement, la société de construction navale Couach a travaillé avec l’équipe entreprise de l’agence Pôle emploi de La Teste-de-Busch, le service « Formation dans les Territoires » de la Direction Régionale de Pôle Emploi Nouvelle-Aquitaine et le cabinet de consultants Grain’s up.
De leurs échanges a émergé l’idée d’utiliser l’AFEST , l’Action de Formation en Situation de Travail, au service de publics éloignés de l’emploi.
Pouvez-vous nous présenter Couach et ses effectifs ?
Le chantier naval Couach est connu localement et nationalement. Initialement pour les yachts de luxe et également pour son savoir-faire sur la maitrise du composite. L’entreprise a des commandes importantes pour les 2 à 3 prochaines années : pour la nouvelle flotte SNSM et les navires militaires. Nous avons aussi la mise à l’eau, prévue pour cet été d’un yacht de 26 mètres. Même si le chantier s’appuie sur les métiers traditionnels du maritime, nous avons pris un virage technologique, avec un bureau d’études complet et un service recherches et développement.
L’entreprise compte 190 collaborateurs, dont une quinzaine d’alternants (issus de l’université ou des personnes en reconversion). Les emplois intérimaires sont aussi une force vive de nos effectifs, notamment sur les métiers du composite, le montage (bois), la mécanique navale, la manutention et la logistique.
Pourquoi votre choix s’est-il porté sur l’AFEST ?
Nous menons un travail sur la digitalisation de la formation, avec la capitalisation des savoirs et la création de communautés apprenantes. C’est dans ce cadre que nous avons mis en place l’AFEST : c’est une démarche hybride entre le numérique et l’opérationnel. Cette expérimentation permet de formaliser des savoirs de haut niveau, qui constituent notre patrimoine spécifique et cela présente un avantage compétitif évident. Avec ce projet, nous avons intégré deux demandeurs d’emploi avec peu ou pas de qualification. Nous recherchions une intégration rapide en les mettant en situation de travail. Toujours en lien avec l’AFEST, nous avons un projet de « Campus Couach ». Les tuteurs ont un grand pouvoir de transmission : c’est ce que nous voudrions mettre à profit avec ce centre de formation interne.
La démarche AFEST permet de fonder la décision de recrutement sur un processus d’intégration dans le contexte particulier de l’entreprise. Deux apprenants ont été retenus et ont bénéficié d’une AFPR (Action de formation préalable au recrutement).
L’AFEST permet de formaliser et de mettre en valeur des savoir-faire de haut niveau. Nous ne sommes qu’au début, mais le potentiel est là ! L’entreprise devient une organisation apprenante, avec une réflexivité permanente. L’apprenant est plus acteur, autonome et moteur. Ce dispositif favorise l’évolution des pratiques professionnelles. Mais il ne faut pas vouloir trop standardiser : il faut laisser un peu marge de manœuvre et ne pas verrouiller le dispositif.
Quelles conditions de réussite identifiez-vous ?
Pour la mise en place, la réussite repose sur les échanges avec l’ensemble des partenaires de l’entreprise : notre direction (les tuteurs et les managers), la DRH pour accompagner le projet et un référent AFEST. Et il faut accepter d’apprendre « sur le tas ».
Nos tuteurs sont volontaires : nous avons cette chance ! Ils sont investis et ont cette volonté de transmettre. Les managers de proximité sont aussi favorables à cette démarche. Cela demande de l’investissement, mais ça vaut le coup !
L’AFEST permet de former en conditions réelles de travail et en fonction des besoins de l’entreprise : c’est très concret. Cela permet surtout aux apprenants de s’inscrire durablement dans l’emploi : après la période de formation, nous leur proposerons un CDD d’au moins 6 mois, et éventuellement un CDI.
L’équipe entreprise de Pôle emploi de La Teste a été très présente et réactive. Plus qu’une délivrance de services par un opérateur, c’est un véritable partenariat qui a été développé autour de ce projet.