S'étendant sur plus de 6 200 km2, la Meuse est l'un des départements les plus vastes de France… mais aussi l'un des moins peuplés avec quelque 200 000 habitants sur un territoire essentiellement rural. Apparaissant comme une nécessité, la collaboration entre les structures du secteur de l'emploi est ici bien plus étroite que partout ailleurs.
Bâtie sur le socle commun du suivi délégué des personnes en situation de handicap, mais pas seulement, la synergie Cap Emploi et Pôle emploi se justifie également par un taux plus important de demandeurs d'emploi en situation de handicap (10,5 à 11% de la DEFM).
«Très vite, nous avons compris qu'il fallait travailler ensemble sur cette problématique», explique Thierry Raffa, responsable partenariat pour la direction territoriale de Pôle emploi Meurthe-et-Moselle/Meuse.
En Meuse, la population des demandeurs d'emploi en situation de handicap se caractérise par une récurrence de chômage élevée, un niveau de formation inférieur à la moyenne et une proportion de bénéficiaires de minima sociaux plus importante … un cocktail qui ne laisse aucune place à la facilité et qui au contraire invite à innover ensemble.
«En 2014, la situation était très dégradée, seul un demandeur d'emploi en situation de handicap bénéficiait d'un contrat en alternance en Meuse. On ne pouvait que faire mieux… et c'est dans cette optique que nous avons lancé avec Pôle emploi et Cap emploi, bien sûr, mais également les missions locales, la MDPH, la Chambre de métier, la Chambre de commerce et d’industrie, le centre de gestion, aujourd’hui la Région Grand Est sans omettre l’Agefiph, financeur du DIRPHA … le dispositif SAM-DIRPHA» détaille Martial Charvet, directeur de l’AMIPH-Cap Emploi-Sameth Meuse.
SAM - comprenez Synergie alternance Meuse- assure aujourd’hui deux missions essentielles :
C’est avant tout un observatoire de l’alternance, qui s’assure que chaque personne signataire d’un contrat puisse bénéficier d’un accompagnement répondant à son besoin ainsi qu’à celui de l’employeur.
Ensuite, SAM intervient auprès des personnes et des employeurs afin de favoriser le développement de l’alternance qui reste une réponse très pertinente en matière d’accès à l’emploi et de formation.
Dans la pratique, SAM-DIRPHA mobilise ses compétences ainsi que celles des partenaires afin de répondre au mieux aux attentes. Ce dispositif peut également fonctionner comme une boussole qui oriente les demandeurs dans les dispositifs les plus appropriés à une entrée en emploi autre que l’alternance.
En 2017, 29 nouveaux contrats engagés et les résultats de 2018 ne devraient pas démentir cette belle dynamique partenariale.
Réduire la fracture numérique
Autre cheval de bataille du tandem Cap Emploi/Pôle emploi, l'accès au numérique des demandeurs d’emploi en situation de handicap très souvent éloignés de l'univers digital.
3DLink, financé en 2018 par l'agence Pôle emploi de Bar-Le-Duc, l’Etat, l’Agefiph, le Conseil Départemental et l'Association Meusienne pour l'Insertion des Personnes Handicapées (Amiph) est un atelier d'apprentissage qui place l'utilisation de l'impression 3D au cœur de l’activité d’apprentissage. Cette technique exigeante, rendue accessible, devient alors support de découverte de l’informatique à travers la modélisation 3D et l'utilisation des outils numériques.
Hier créé autour d'une imprimante 3D installée à Bar-Le-Duc, 3DLink s'est développé avec deux imprimantes supplémentaires, et un lieu d’activité complémentaire à Verdun. L’atelier est bâti sur deux volets : l’acculturation aux outils digitaux (internet, identité numérique, bureautique …) et la modélisation 3D.
Portée par l’Amiph, cette innovation se décline en parcours de trois mois renouvelables. Le travail produit est remarquable. D'ailleurs, aujourd'hui des entreprises ont confié à l'atelier différentes réalisations. Les personnes reconnues en situation de handicap se placent ainsi dans une dynamique très valorisante allant jusqu’à la « recherche et développement » en partenariat avec les techniciens des entreprises concernées. «C’est très encourageant» s'enthousiasme Thierry Raffa, satisfait de voir un projet d'inclusion numérique venir croiser les besoins du secteur économique local.
Très loin d'avoir fait le tour de la question de l'insertion professionnelle des personnes reconnues en situation de handicap, Thierry Raffa et Martial Charvet vont ajouter un nouvel axe à leur collaboration et proposer les offres d'emploi de Cap emploi aux demandeurs d’emploi suivis par Pôle emploi. «Nous devons dépasser le cadre du suivi délégué» précise Martial Charvet.
Gageons que ce nouvel objectif sera rapidement atteint !