Quand on est une femme habitant dans un Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville, on est souvent plus éloignée de l’emploi. Parallèlement, les jeunes diplômés habitants de ces quartiers ont plus de difficulté à construire un réseau professionnel et à attirer l’attention des recruteurs. Pour favoriser l’accès à l’emploi des femmes et des jeunes diplômés habitant ces quartiers, la Direction territoriale Pôle emploi Var met en place des « Dispositifs d’Accompagnement Territoriaux ». Exemple à Toulon, où Pôle emploi co-finance avec le Fonds Social Européen, la Ville et l’Etat des actions ciblées et coopère avec de nombreux acteurs pour accompagner l’insertion professionnelle de ces demandeurs d’emploi.
Trouver du travail quand on habite dans un quartier prioritaire
Les agences de Toulon Carnot et de Toulon La Rode ont créé des «Clubs », des groupes de recherche d’emploi intensive d’une durée de trois mois. L’un est plus particulièrement destiné aux femmes, l’autre aux jeunes diplômés de moins de 30 ans des quartiers de la Politique de la Ville. Accompagnés par un coach emploi, les membres du club :
- mettent au point leur technique et leurs outils de recherche d’emploi,
- s’exercent à se présenter et à vendre leur profil,
- rencontrent des employeurs en face à face dans des sessions de coaching emploi ou des jobs dating,
- améliorent leur posture professionnelle.
«L’usage de la vidéo ou du théâtre, la dynamique du groupe, la coopération des employeurs sont autant de facteurs de succès » explique Audrey Grouard, conseillère à l’emploi.
«Les jeunes diplômés que nous suivons n’ont pas de réseau. Mais à travers le club et les opérations de parrainage par des chefs d’entreprise, nous les aidons à commencer leur carnet d’adresses professionnel », ajoute Viviane Driquez, chargée de projets emploi.
Elles ont coaché intensément 120 personnes en 2017.
« Coopérer aux événements emploi, c’est tendre la main »
« Carrefour est le premier employeur privé de France, déclare Thierry Lannurien directeur de Carrefour Grand Var.
Nos RH doivent être ouvertes sur un environnement qui change. C’est important pour moi de montrer ce qu’est le monde du travail à ceux qui n’en n’ont pas l’expérience. Je suis complètement légitime pour expliquer au candidat que le respect des horaires, la rigueur, l’engagement sont indispensables car ils font partie du contrat qui nous lie. De même, qui mieux qu’en employeur peut expliquer à un candidat ce qu’il peut dire ou pas dans un CV ou à l’occasion d’un entretien d’embauche ?
Nous participons à de nombreux événements organisés par Pôle emploi. Ainsi, le 2 février, avec 16 autres employeurs, nous avons reçu 28 demandeurs d’emploi pour une séance de coaching d’entretiens d’embauche. Ils repartent mieux armés pour trouver leur emploi. Nous sommes également adhérents de la charte Entreprise et Quartiers. Lorsque je sors de mon magasin et participe à un événement comme Face au Sport par exemple, qui regroupe, sur un terrain de beach-volley, des employeurs et des jeunes des quartiers, les échanges sont plus faciles.
Parfois, il m’arrive de proposer un poste, mais le plus important, c’est de tendre la main au candidat tout en faisant abstraction de son nom et de son adresse, donner des conseils, ouvrir des portes. »
Des retours à l’emploi plus rapides
« J’étais en recherche d’emploi depuis 18 mois et c’était compliqué, déclare Olivia Crha. Après 18 ans passés dans la même entreprise, je n’arrivai pas à faire décoller mes démarches. En trois mois, le Club m’a aidée à me préparer et à reprendre confiance en moi. Ce qui m’a été le plus utile, ce sont les exercices de simulation d’entretien. Chaque membre du club jouait, alternativement le rôle du candidat et de l’employeur. On a pu imaginer les questions qui nous seraient posées et nous préparer à y répondre. Grâce à la vidéo, j’ai pu corriger ce qui n’allait pas dans ma présentation.
Un mois après la fin du Club, j’ai signé mon contrat d’hôtesse de caisse chez Intermarché. Exactement le type d’entreprise à taille humaine où j’avais envie de travailler.»
« Je vais réaliser mon projet et passer mon CAP de coiffure, pour travailler dans une structure sociale »
Nathalie El Bar raconte : « Fin 2017, mon contrat dans l’animation était en danger, je perdais de plus en plus d’heures. Ma conseillère m’a proposé d’adhérer à un club. J’avais mon projet en tête et j’ai profité des échanges du groupe pour le faire émerger. Ça n’a pas été simple, car je ne pouvais pas accéder aux aides à la formation pour passer le CAP. Ma conseillère, Audrey Grouard, s’est investie et m’a aidée à obtenir un accord pour une action individuelle de formation. Je me suis vraiment sentie accompagnée par Pôle emploi. Je suis retournée à l’école et je vais acquérir mon CAP, puis je passerai le BP, j’espère trouver une alternance. Les portes s’ouvrent pour concrétiser mon projet : travailler en tant que coiffeuse pour le compte d’une structure sociale, soit en milieu hospitalier, soit auprès de personnes âgées. »
Audrey Grouard conclut : « Entre avril et décembre 2017,
- 52% des participants des clubs ont réussi à concrétiser un projet,
- 45% d’entre eux ont retrouvé un travail ou ont créé leur entreprise en cours d’accompagnement ou 2 à 3 mois suivant leur session,
- 6% d’entre eux démarrent une formation.
Les autres participants continuent leur parcours selon une modalité correspondant à leur nouvelle situation, car tous sont mieux équipés et préparés pour mener à bien leur recherche d’emploi. »