Ce qui caractérise le CEP, c'est précisément qu'il est proportionnel à chacune des situations individuelles. Il ne s'agit pas d'un plan type qu'on déroule avec plus ou moins de modularité. Il repose sur un diagnostic partagé et un plan d'action contractualisé et réalisé en complète interaction avec le demandeur: il est composé de tout ce qui se situe entre les deux : les souhaits d’évolution, les éléments du profil (compétences, aptitudes) mais aussi la personnalité et les valeurs propres à chaque personne, ses capacités d'adaptation et de remise en question, son degré d’autonomie, sa maîtrise de la recherche d'emploi, et sa propre confrontation au marché du travail. Tout ceci pèse dans la balance.
Qu'est ce qui change concrètement avec le CEP ?
La posture vis-à-vis du demandeur est de le placer comme acteur de son employabilité quand bien même cela nécessiterait un parcours en plusieurs étapes. Le conseiller doit avoir le plus souvent un rôle de facilitateur même s'il est aussi souvent un guide. Il ne doit plus faire à la place mais être dans une forme d'apprentissage vers l’autonomisation.
Isabelle Faure (conseillère Pôle emploi Celleneuve) souligne l'intérêt de cette co-construction.
« J'aime bien la notion d'alliance de travail. C'est un des stades où l’on va prendre en compte la dimension personnelle de la personne pour pouvoir confronter son projet au marché du travail…»
Pour co-construire, les jalons doivent par conséquent être posés et clairement expliqués au bénéficiaire.
Pourquoi le CEP est-il une priorité ?
Il y a fort à parier que nos concitoyens connaitront des changements répétés au cours des prochaines décennies. C'est le rythme accéléré des changements qui rend la culture de l’évolution professionnelle d’autant plus nécessaire.
Hadjiria Merah (Pôle emploi Ales) : « J’ai été obligée de définir ce qu’est l’évolution professionnelle vis-à-vis des demandeurs d’emploi et de là, c’est un trait d’union vers le conseil personnalisé ».
Comment garantir la pertinence du CEP ?
Quel accompagnement pour réussir cette mission ?
Le point de départ du CEP trouve d'abord son origine dans le questionnement du bénéficiaire sur son orientation, ou plus tard dans son parcours professionnel, sur le bien-fondé d'une reconversion si des difficultés sont survenues. Mais oser le changement n’est pas si facile à en croire les experts. Sophie Trumeau, consultante RH l’affirme : « Il y a des freins car c’est tout un travail de changer de vie professionnelle. En France, où on surinvestit le travail par peur de ce qui peut se passer, on hésite beaucoup avant de passer à l’action. Or le changement, ça se prépare. […] Les entreprises auraient même intérêt à prévoir un sas de transition au sein même de l’entreprise pour répondre à la question de la mobilité professionnelle ».
Patricia Parnot (directrice des Opérations - Pôle emploi Occitanie)
« La question à se poser était comment faire en sorte que le réseau le pratique avec tout le bon sens et la pédagogie nécessaires à sa mise en œuvre. Pour renforcer l’appropriation du CEP par notre réseau, nous avons choisi une démarche d’accompagnement en agence en 4 étapes (préparation/diagnostic/plan d’actions/mise en œuvre et pérennisation) avec l’appui d’un accompagnateur présent sur 5 semaines consécutives. Ce processus s’intègre dans une démarche participative de chacun des acteurs. Tous les niveaux sont concernés : équipe locale de direction, conseillers, personnel en appui et les psychologues du travail qui rejoignent progressivement les agences. Cette nouvelle alchimie contribue au partage d’une culture commune sur le CEP ».
Le calendrier du déploiement, commencé en 2016, se poursuit jusqu’en juin 2017.